Coupe du Monde : 6 anecdotes étonnantes

par Philippe Baudoin © reproduction interdite (publié le 15/07/2018)

Le saviez-vous ?

Près de la moitié de la planète aura regardé au moins 1 minute de la Coupe du Monde 2018. On comptait 3,2 milliards de téléspectateurs en 2014 contre 500.000 spectateurs en direct à la première édition en 1930. Le mondial ne fait pas qu'attirer les aficionados, il passionne le plus grand nombre, du plus petit au plus grand, que l'on aime ou non jouer au ballon rond. Difficile de trouver un sport plus populaire que le football ! Voici quelques anecdotes originales à découvrir ou redécouvrir.

1930 : première Coupe du Monde : le voyage en bateau coûte trop cher !

La première Coupe du Monde aurait dû voir le jour en 1904 en Suisse. L'idée est née du journaliste français Robert Guérin créateur, avec 7 pays membres, de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association). Lors du premier congrès organisé par la FIFA, la proposition est rejetée par les britanniques.

Mais 24 ans plus tard, un autre français, Jules Rimet, alors président de la FIFA, relance l'idée et obtient gain de cause : le 28 mai 1928, la Coupe du Monde est officiellement née.

Un an après, peu avant le fameux krach de 1929, l'Uruguay est choisi comme pays organisateur en commémoration du centenaire de son indépendance d'avec le Brésil (première constitution : 18 juillet 1830) et aussi parce qu'il accepte, dans un contexte économique difficile, de financer les frais de participation des équipes et de construire un nouveau stade, le stade Centenario (stade du centenaire). La première Coupe du Monde aura lieu du 13 au 30 juillet 1930 à Montevideo, capitale de l'Uruguay.

montre sport

Sur les équipes affiliées à la FIFA, seulement 13 acceptent le challenge : 9 du continent américain et seulement 4 équipes européennes (Belgique, France, Roumanie et Yougoslavie). La durée du voyage en bateau et son coût constituent le principal obstacle à cette participation alors que la crise financière sévit.

L'organisation de l'événement n'est pas des plus faciles. Plusieurs joueurs roumains ne veulent pas faire un voyage aussi long et une compagnie pétrolière britannique employant certains d'entre eux refuse de leur accorder un congé de 3 mois pour participer à la compétition et menace même de les licencier. Le roi de Roumanie de l'époque, Carol II, doit intervenir personnellement pour régler la situation !

Sur le bateau partagé par les joueurs belges, français et roumains, on se plaint que le pont est trop petit pour s'entraîner... Jules Rimet est du voyage. Il a pris avec lui la fameuse coupe dorée dont le design n'a jamais changé en 88 ans et qui porte aujourd'hui son nom.

Cette première Coupe du Monde réunira plus de 500.000 spectateurs cumulés sur les 18 rencontres organisées. L'Uruguay remportera la victoire contre l'Argentine. La France terminera 7ème.

La compétition la plus suivie au monde ?

Quand on cite la Coupe du Monde, il est inutile de préciser le sport : tout le monde sait qu'on parle de football ! C'est en effet l'une des compétitions sportives les plus regardées au monde. Saviez-vous que lors du mondial 2014, on ne comptait pas moins de 3,2 milliards de téléspectateurs, soit l'équivalent de près de la moitié de la planète ! Plus d'un milliard de supporters ont suivi la finale opposant l'Argentine et l'Allemagne (chiffres FIFA, spectateurs ayant suivi au moins une minute de l'événement).

Pourtant, ce n'est pas la première compétition au palmarès. Le Mondial arrive en effet en seconde position juste après les Jeux Olympiques d'été (3,6 milliards de téléspectateurs) et se situerait devant le Tour de France (2 milliards de téléspectateurs selon certaines sources mais 3,5 milliards selon les organisateurs du Tour...). Des chiffres à prendre avec précautions car les critères d'audience sont très variables selon le sport et d'un pays à l'autre : un spectateur peut être compté de multiples fois s'il a regardé plusieurs compétitions.

1950 : l'Inde déclare forfait faute de pouvoir jouer pieds-nus

Saviez-vous que l'équipe d'Inde était censée participer à la 4ème Coupe du Monde organisée au Brésil en 1950 mais qu'elle a déclaré forfait parce que la FIFA lui a refusé de jouer pieds-nus ? Elle avait pourtant déjà pu le faire aux jeux Olympiques de Londres en 1948, date de son affiliation à la FIFA, un peu après son indépendance d'avec le Royaume-Uni. L'Inde avait été sélectionnée sans jouer, lors des qualifications en Asie, suite à l'élimination des 3 autres pays concurrents (Birmanie, Philippines et Indonésie).

Dans les faits, ce n'est pas la seule raison expliquant cette décision. L'Inde ne pouvait assumer le coût du voyage et les frais occasionnés sur place. De plus, les joueurs n'étaient pas assez préparés. Enfin, elle attachait plus d'importance à participer aux JO qu'à la Coupe du Monde.

Pour la petite histoire, nos amis indiens se sont bien rattrapés lors de la Coupe d'Asie 1964 où ils allèrent en finale et terminèrent second derrière Israël.

1978 : les "Bleus" en maillot rayé vert et blanc !

10 juin 1978. Nous sommes au stade de Mar Del Plata, en Argentine. La France rencontre la Hongrie et lors de ce match, les "Bleus" jouent en vert et blanc... Mais que s'est-il donc passé ce jour là ?!

Petit retour en arrière. On est à moins d'une heure du coup d'envoi. Les 2 équipes qui vont s'affronter s'échauffent en survêtement. C'est alors que l'œil avisé du capitaine du FC Nantes, Henri Michel, remarque un détail qui peut à première vue sembler anodin : un joueur hongrois porte un tee-shirt dont le col est blanc.

"Maillot white ?" lance-t-il intrigué au joueur. "Yes, white !", répond le hongrois un peu surpris par la question. Sûr de lui, le français déclare alors solennellement, "French, white !" sur quoi le hongrois rétorque, tout aussi sûr de lui, "No, hungarians white !!".

Impossible de jouer dans ces conditions... Les équipes s'affrontant ne peuvent en effet pas porter un maillot de même couleur ! Chacun parle alors à ses dirigeants respectifs pour clarifier la situation. Tout est très vite mis au clair : l'intendant de l'équipe de France Henri Patrelle avait bien reçu en février une circulaire confirmant le blanc pour les maillots français mais n'avait apparemment pas pris en compte une seconde circulaire envoyée en mai et qui annulait la première : c'est bien en bleu que la France doit jouer en ce jour du 10 juin 1978... Si le short, lui, est bien bleu, cela ne suffit pas : il faut trouver vite d'autres maillots sans quoi le match allait être annulé.

Heureusement, chaque équipe est censée apporter un second jeu de maillots. Ouf ! Hélas, deuxième bourde, ceux de la France sont bien ici en Argentine mais à Buenos Aires, soit à 400 kilomètres de là...

La Hongrie propose alors courtoisement de prêter ses maillots de rechange mais ils sont rouges et le gardien hongrois, déjà en rouge, refuse de changer de tenue.

Le temps passe, le match est censé débuter, les spectateurs électrisés commencent à s'impatienter et à siffler. Après avoir refusé à l'Inde de jouer pied-nus au mondial 1950, on imagine mal la FIFA tolérer que la France joue torse nu !

Il ne reste donc plus qu'à trouver des maillots ailleurs et vite !

La recherche est lancée et c'est un petit club local de football créé par des pêcheurs, l'Atlético Kimberley, qui propose gentiment son aide en prêtant ses uniformes : de jolis maillots rayés vert et blanc. Cocorico !

Après plus de peur que de mal et une quarantaine de minutes de retard, le match peut enfin commencer, sous les railleries des supporters et les chants entonnés à la gloire des Kimberley. Une aventure qui finit bien et qui n'aura même pas suffit à déstabiliser les français puisqu'ils remporteront la victoire à 3 contre 1. Bravo les verts et blancs !

1982 : la terrible nuit de Séville : "Celui qui n'a jamais vu ce match, n'a jamais vu un match de football" (Michel Platini)

On ne peut pas parler d'anecdotes de la Coupe du Monde de football sans évoquer la demi-finale du 8 juillet 1982 à Séville, dite "nuit de Séville", opposant la France, menée par Michel Platini, à la RFA. C'est avec émotion que Dominique Baudoin, archiviste, membre du comité exécutif et membre du comité d'administration de l'équipe de football spinalien (SAS), se souvient de ces moments forts : "c'est le plus grand match de toute l'histoire pour les Tricolores. Une équipe héroïque et pleine de panache. Leur football enchante la planète."

Alors que les équipes sont à égalité à la première mi-temps (1-1), la seconde partie de match est perturbée par un terrible accident. Le gardien allemand Harald Schumacher, très agressif, multiplie les fautes et les provocations contre les joueurs et le public. Tandis que le défenseur Patrick Battiston, remplaçant d'un joueur blessé au cours du match, frappe un ballon qui manque de peu le cadre, Schumacher quitte les cages et vient le percuter violemment. Battiston, gisant inconscient au sol, est évacué, accompagné de son ami Michel Platini qui lui tient la main.

L'arbitre ne sanctionne pas. Thierry Roland et Jean-Michel Larqué, commentateurs de ce Mondial, s'offusquent : "Honte à vous Monsieur Corver, honte à vous" mais Monsieur Corver se contente d'ordonner une remise en jeu en faveur de l'Allemagne. La pilule ne passe pas. La France crie à l'injustice. La presse va jusqu'à parler de "l'attentat contre Battiston".

Aux prolongations, dans un suspense hitcockien, la France héroïque, révoltée suite à l'injustice vécue et plus que déterminée à remporter la victoire, mène le jeu et marque rapidement un premier puis un second but (Alain Giresse et Marius Trésor) dans les 9 premières minutes de jeu.

"3-1 à quelques minutes de la fin. On est en finale ! En France on ouvre les bouteilles de champagne", explique Dominique Baudoin. "Mais voilà, l'Allemagne n'a pas dit son dernier mot. Elle marque un premier but (3-2) puis égalise à quelques secondes de la fin", soupire-t-il.

Le score ne bouge plus. Il faut aller aux penalties, une première pour un match de Coupe du Monde. Hélas, à bout de nerfs, les Bleus craquent.

La malédiction se confirme. La France perd. "C'est une cicatrice que je porte encore aujourd'hui", reconnaît l'archiviste. La victoire de 98 ne suffira pas à effacer le souvenir. Michel Platini dira plus tard : "Celui qui n'a jamais vu ce match n'a jamais vu un match de football. Celui qui n'a jamais vu ce match n'a jamais vu un match de Coupe du Monde. Aucun film au monde, aucune pièce ne saurait transmettre autant de courants contradictoires, autant d'émotions que la demi-finale perdue de Séville." On vient de vivre l'une des plus grandes dramaturgies de toute l'histoire du Football.

Depuis, Dominique Baudoin a rencontré, sur les terrains de foot, plusieurs des joueurs qui ont vécu cette étouffante nuit andalouse : Genghini, Trésor, Six, Bossis, Giresse ,Tigana et Battiston. "On a parlé de Séville. Regrets éternels... La France aurait pu être en finale pour la première fois de son histoire surtout qu'elle le méritait 100 fois ! Les jeunes ne peuvent pas comprendre car depuis, il y a eu 1998 (N.L.D.R. : victoire de la France au Mondial)", regrette-t-il.

1998, la France championne du monde ! Les Bleus remporteront peut-être aussi ce soir leur seconde victoire, on leur souhaite, mais pour des millions de français qui se souviennent, cela ne suffira à faire oublier cette terrible nuit de Séville !...

1998 : la France championne du monde ! 1.000ème but pour l'équipe de France à la dernière minute de jeu !

20 ans presque jour pour jour après l'épisode épique du maillot vert et blanc porté par la France face à la Hongrie, nous sommes 12 juillet 1998. Une date historique gravée à jamais dans les mémoires. Avec 6 victoires sur 7 matchs, les bleus marchent sur l'eau et font rêver la France.

A l'avant-veille de la fête nationale française, après une finale menée à 3-0 contre le Brésil (un écart record pour une finale sans encaisser de but) dans un stade survolté, la France, pour la première fois de l'histoire du Mondial, devient championne du monde ! "Et un, et deux, et trois-zéro" devient vite le slogan national relayé par les télévions et la presse. Le journal France-Soir titre "Le délire" dans son édition du 13 juillet. Au garden party organisé par l'Elysée le 14 juillet, on crie "Zizou Président". C'est l'euphorie générale. La France toute entière s'émeut. Non, ce n'est pas un rêve : la France est bien championne du monde !

Cerise sur le gâteau, à l'occasion de ce match mémorable, Emmanuel Petit entre dans l'histoire en marquant le 1.000ème but de l'Equipe de France à la toute dernière minute de jeu !

20 ans plus tard, le 15 juillet 2018 : et si on gagnait encore une fois ?

N.D.L.R. : 15 juillet 2018 : ils l'ont fait !! Les Bleus sont champions du monde pour la seconde fois dans l'histoire du Mondial !

Philippe Baudoin
Reproduction interdite - Copyright © Sport Passion

Soyez averti de nos dernières publications et tests !
Suivez-nous sur :      
Ou recevez la newsletter hebdomadaire gratuite :

 

Ces articles peuvent aussi vous intéresser

Avis sur l'Apple Watch Series 3 : la montre téléphone 4G

Apple Watch Series 3
Une montre GPS sportive connectée 4G qui permet de téléphoner, payer ses achats, écouter de la musique en streaming et bien plus

Lire la suite

Les 7 meilleurs sports pour perdre des graisses et du poids

femmes sur spinning en salle de gym
Quels sports faut-il pratiquer pour perdre du poids le plus efficacement possible ? Découvrez notre recommandation du top 7 des sports pour maigrir !

Lire la suite

Les étirements : faut-il encore les pratiquer ?

couple sportif pratiquant les étirements
Depuis quelques années, des études viennent bouleverser les croyances établies. Faut-il encore s'étirer et comment ?

Lire la suite

Meilleures montres GPS altimètre 2024 pour la randonnée

montre randonnée
Quelle montre GPS choisir pour le triathlon ? Quelles sont les meilleures montres actuelles pour triathlètes ? Découvrez notre sélection et des avis.

Lire la suite

Le tapis de course pour s'entraîner et brûler les graisses !

Homme sur ligne départ sur piste athlétique
Mesurer sa VO2max permet de suivre de suivre ses progrès et d'adapter son entraînement pour le rendre optimum. Mais comment la mesurer ? Appareil de fitness le plus populaire au monde, non traumatisant pour les articulations et le dos, le tapis de course permet de s'entraîner chez soi efficacement tout en apportant les bienfaits de la course à pied...

Lire la suite

Sucres rapides, sucres lents : un concept erroné

petit déjeuner, céréales, lait, pomme, bananes
Longtemps, on a cru que les glucides complexes pénétraient plus lentement dans le sang que les glucides simples. D'où leur classement en 2 catégories bien connues du monde sportif : les sucres lents et les sucres rapides. Or, selon des études menées dans les années 1980, ce concept est faux...

Lire la suite

Crédit photos : "Coupe du Monde FIFA 2014" par Mariya Butd, sous licence CC By 2.0